Comme chaque année depuis 1970, Les World Series of Poker, (ou les WSOP) se sont déroulés à Las Vegas. Les World Series Of Poker ce sont 79.469 joueurs enregistrés, 62 événements, 199.055.648$ de prize pool total et 111 pays représentés. Rien que ça !
La 44ème édition s’est déroulée comme le veut la tradition, en réservant le premier tournoi aux employés issus de l’activité casinotière.
Autant vous dire que c’est LE rendez-vous du poker. Le vainqueur de chaque tournoi gagne un bracelet et … un joli chèque bien sûr ! Les plus gros sharks les collectionnent et la plus grosse collection est celle de la légende du poker Phil Hellmuth : 13 bracelets WSOP ; et un record de 100 places payées (depuis cette année) pour un total de 12,270,000 $ de gains (sur les épreuves du WSOP uniquement)
Mais le tournoi des tournois, celui qui sacre le champion du monde et dont tous les joueurs de poker rêvent de participer, c’est le fameux MAIN EVENT des WSOP. Certains joueurs sont prêts à casser la bankroll qu’ils ont construite pendant toute une vie pour tenter de rentrer dans les légendes et partager cette expérience unique avec les pros, les amateurs mais surtout les passionnés.
Ils étaient 6 352 cette année à débourser 10 000$ de buy-in pour s’assoir aux tables du Rio et participer au Championnat du Monde ! Après 6 jours de compétitions, et 6 325 joueurs éliminés, ils n’étaient plus que 27 au day 7 dont trois joueurs Français : Clément Tripodi, Benjamin Pollak et Sylvain Loosli.
Malheureusement, le day 7 a été plutôt court pour Benjamin Pollak qui fut éliminé dans la première demie-heure du day 7, en essayant de doubler sur une paire de 9 contre un As-4 qui trouva la quinte … 285,408 $ pour sa 27 ème place
Clément Tripodi quant à lui se fait bust en 23ème place. Affaibli par une rencontre toujours très cruelle au poker AK vs AA, ce fut ensuite King Kong (ou KK) qui acheva son AQ … 285,408 $ également
En ce qui concerne Sylvain Loosli, ce n’est qu’à une marche du podium, la 4ème place qu’on le stoppa.
On vous propose de revivre la fin de son tournoi encore à chaud avec le champion !
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Salut Sylvain et bienvenue sur hurluberlu.fr.
Tout d’abord, toutes nos félicitations, pour ta 4eme place il y a moins de 10 jours au Main Event des World Series Of Poker et tes 2,8 millions d’$ de gains bien sûr !
Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Sylvain : Hello ! J’ai 27 ans, je suis originaire de Toulon, et je réside désormais à Londres depuis un peu moins de 3 ans, date à laquelle j’ai décidé de me consacrer à ma carrière de joueur de poker professionnel, à la fin de mes études. J’ai rejoint le Team Winamax début Septembre, ce qui marque un nouveau tournant dans ma carrière, étant jusque-là principalement un joueur « online ».
Originaire de Toulon, tu as fait des études de commerce. C’est à cette époque que tu as commencé le poker. Comment as tu appris et à quel moment t’es tu dit que c’était le moment de tenter ta chance au rang des pros ? N’as-tu pas eu peur de la cagoule et de te retrouver broke ?
Sylvain : J’ai appris beaucoup en bossant moi-même le jeu, mais également en discutant et échangeant régulièrement avec d’autres bons joueurs, en participant à des forums spécialisés sur Internet ainsi qu’en regardant des vidéos d’autres pros. Ma progression a été régulière, j’ai toujours été sérieux dans mon approche du poker et ma gestion de bankroll, je n’ai jamais donc eu le sentiment de pouvoir me retrouver broke un jour, même lorsque je pouvais encore jouer des limites plus importantes en cash game. Et puis, j’ai toujours eu confiance en moi et dans mon jeu !
Ta performance au Main Event des World Series of Poker t’a permis de rejoindre la team Winamax en août 2013. Quelles sont les différences maintenant que tu es sponsorisé ? Trouves-tu que c’est un aboutissement pour toi qui côtoyais déjà les pros de la team sur les tables de cash game du site ?
Sylvain : La principale différence, c’est mon rythme de vie, mon planning. Aujourd’hui, je passe beaucoup plus de temps à jouer en live qu’auparavant, et je parcours le circuit des tournois professionnels. J’ai quelques obligations dans le cadre de mon contrat, mais le fait de faire partie d’une telle équipe, aussi bien soudée et structurée, ça aide considérablement pour aller faire des gros résultats.
Oui, c’est forcément un accomplissement dans la carrière de tout joueur de poker de signer un contrat de sponsoring. La majorité des meilleurs joueurs « online » finissent par faire la transition vers le Live, et avoir un sponsor me paraît indispensable pour disputer tous les tournois, en raison des frais élevés (avions, hôtels, taxis, buy in élevés, etc…).
Je connaissais pas mal de pros du team personnellement avant cette date, donc tout s’est fait naturellement.
Sur le day 7, tu infliges un joli bad beat à l’Américain Petit.
Tu sur relance ton QJo à 975,000 pré flop sur son raise initial de 475,000. Payé, le flop sort, 29J avec ta top paire, tu continues ton attaque face au check de l’adversaire et envois 950 000. Il check-raise à 2 000 000, tu call pensant être favori, un K sort sur le turn, Petit check la turn, tu envoies alors ton tapis … payé, il retourne les American Airlines (AA) ! Mais un des 9 outs sort son nez sur la cinquième carte commune et c’est le T ! Si tu devais décrire l’ascenseur émotionnel entre la découverte de ses cartes et le moment où ta quinte se forme, à quoi le comparerais-tu ?
Sylvain : Je ne call pas pensant être favori, mais parce que je pense avoir les côtes pour toucher un J ou une Q et lui prendre le reste de son tapis… Quand il check le turn, c’est la seule carte que je comptais bluffer qui sort, complétant beaucoup de tirages…
Avant l’apparition de la dernière carte, je me voyais déjà éliminé du tournoi, et finalement, je termine 2ème en jetons avant le jour 7 ! C’est difficile de comparer ce genre d’ascenseurs émotionnels, mais c’est inhérent au poker !
Sur un pot, Jay Farber tapote le tapis comme s’il checkait, mais se reprend en disant qu’il ne check pas pour ensuite bet à 575 000. Tu semblais plutôt méfiant qu’il ait la top paire sur le turn, aurais-tu payé la river sans cette histoire de faux check ? Pense tu vraiment qu’à ce stade de la compétition, il pouvait avoir « la tête dans la lune» ?
Sylvain : Ce faux check aurait plutôt dû me dissuader de payer ! Toutefois oui, il est possible de perdre un peu de concentration par moments, quand on joue depuis 7 jours à raison de 10h par jour, l’endurance physique et mentale peut en prendre un coup…
Plus tard, tu 3-bet à 1,5 million avec KK l’ouverture faite par David Benefield de 500,000.
Le flop : KQ4 t’offre un brelan. Check – check tu envoies alors 1,45 million sur la turn puis 2,5 millions sur la river et il te call à chaque fois. Tu t’envoles alors à 26,5 millions ! A ce stade de la compétition, beaucoup de joueurs auraient commencé à s’imaginer le bracelet au poignet ! Et toi ?
Sylvain : J’étais confiant durant tout le jour 7, j’ai bien joué et les cartes me souriaient ! Je savais qu’il restait encore beaucoup de temps avant qu’on tombe à 9 joueurs, et j’étais bien conscient que le tournoi ne se gagnait pas ce jour là… J’étais juste content, et je suis resté très concentré jusqu’à la fin de la journée.
Tu habites en colocation à Londres avec Guillaume De La Gorce, un ancien joueur pro et Bertrand « ElkY » Grospellier. Le Royaume-Uni ne taxe pas les gains même des pros, je suppose que c’est donc pour une question fiscale ? Te verrais-tu défendre dans un futur proche d’autres couleurs que le bleu blanc rouge ?
Sylvain : J’ai déménagé à Londres initialement pour rejoindre d’autres amis du poker, et pour pouvoir continuer à jouer sur les différents sites de poker internationaux, avec des joueurs du monde entier. Pour moi, rester en France, alors que le marché avait été régulé et que nous étions obligés de jouer uniquement avec des joueurs français, cela représentait un frein à ma progression et mon activité de joueur professionnel. Je suis Français et j’aime mon pays, je ne vois pas pourquoi je défendrais d’autres couleurs…
Entre le day 7 en juillet et la table finale en novembre, il s’est écoulé presque 4 mois, comment as tu préparé cette finale ? Certains disent que le poker est un sport d’autres que non. Selon toi, y a-t-il un lien ? De nombreux sportifs jouent au poker comme Vikash Dhorasoo ancien membre de la team Winamax
Sylvain : Je me suis préparé en bossant avec un coach mental (Pier Gauthier), en me faisant « coacher » par Ludovic Lacay et Davidi Kitai du team Winamax qui avaient davantage d’expérience que moi sur ce genre de tables finales, ainsi qu’en jouant un maximum de tournois Live entre temps. Je pense très sincèrement que j’étais le joueur le mieux préparé de cette table finale, ou en tout cas celui qui a passé le plus de temps à la préparer. Il y a beaucoup de similitudes avec le sport dans le poker. C’est je pense un sport « mental », et il faut faire preuve de beaucoup de qualités pour réussir à haut niveau sur la durée : patience, engagement, capacité d’analyse et de réflexion, endurance physique et mentale…
A la fin du day 7, tu es alors le 3ème Français après Antoine Saout en 2009 et Marc Brochard en 1998, à devenir un « November Nine ». Que représente ce « titre de noblesse » pour toi ?
Sylvain : Tout joueur de poker rêve un jour d’être à cette place là, donc c’est sans aucun doute le plus bel accomplissement dans ma carrière.
Contrairement aux autres November Nine, habitués des tournois comme JC Tran qui participe régulièrement aux World Poker Tour commentés par Patrick Bruel sur Canal+ et qui a déjà gagné 2 bracelets WSOP, tu es plus du style discret en Cash Game Online. Cette expérience t’a-t-elle donné envie de faire plus de tournois ?
Sylvain : Oui, cette expérience m’a donné envie de jouer davantage de tournois. J’ai retrouvé le goût pour la compétition qui m’avait tant attiré par mes débuts au poker, et que j’avais un peu perdu par la suite, en me spécialisant en cash game. C’est bien dans cette optique là que j’ai rejoint le team Winamax.
Malheureusement, la table finale s’est moins bien passée, les cartes ne se sont pas pointées et les blindes de plus en plus imposantes ont fait fondre ton tapis. Mais ça ne t’a pas empêché de fêter ta quatrième place et tes presque 2,8 millions d’$ de gains ! Ludovic Lacay a posté une photo sur Twitter ou l’on peut voir des hôtesses dans le Hyde du Bellagio porter les lettres de ton nom. Comme chaque soirée arrosée, il doit bien y avoir une ou deux anecdotes à raconter …. ?
Sylvain : Oui, on a décidé d’aller fêter cette 4e place tout de même ! Et Stéphane Matheu, le manager du Team, ancien joueur professionnel de tennis qui a vécu à Vegas pendant 8 ans, a contacté un de ses amis qui dirige 2 des plus grosses boites de nuit de Vegas. A notre arrivée, ils ont passé le titre « Aerodynamic » de Daft Punk, que j’avais choisi pour faire mon entrée à la Table Finale (les musiques d’entrée ont finalement été supprimées par la production…), et il y avait donc ces hôtesses qui portaient mon nom écrit en gros sur des pancartes… Tous les gens présents s’étaient arrêtés de danser et j’ai eu le droit à une entrée de Rockstar ! Ça restera un énorme souvenir !
Pour finir, un petit mot pour les lecteurs d’Hulubberlu ?
Sylvain : Croyez en vous et en vos rêves ! Et bonne chance aux tables Winamax 🙂
Un grand merci au champion et Winamax pour avoir répondu à nos questions !