Mode

Sape – Le « Hipster » est-il voué à disparaître ?

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Les Hipsters sont à la mode ce que les Daft Punk sont à la musique : ils sont partout sans que jamais on n’arrive à voir leurs visages. Le propre du « Hipster » étant de  refuser de reconnaître qu’il en est un, il est très difficile pour le commun des mortels de l’identifier. Ce flou grandissant autour du phénomène, l’a rendu mondialement célèbre, à un tel point  que le sujet est encore plus sensible que le conflit israélo-palestinien.

De la dégradation des conditions de vie à Berlin en passant par la hausse du prix de l’immobilier à San Francisco. Le « Hipster »  est devenue en France, en quelques années l’homme à abattre avec cette fameuse phrase « qu’est-ce que il de plus con qu’un Hipster ? – deux Hipsters » (oui, oui, cette punch Line des années 30 marche avec tout le monde)

Mais la boucle est sur le point de se boucler, car les plus Hipsters des Hipsters prônent un retour vestimentaire à la normale, mais comme c’est des Hispters, ils ont  trouvé le moyen de donner un nouveau nom au phénomène : le « Normcore ». Oui, s’habiller normalement est apparemment le comble de la hype.

Comme la Neknomination en son temps, le phénomène risque d’arriver chez nous avec un peu de décalage, raison pour laquelle, on a décidé de se pencher sur ce vaste bordel, qui s’apparente plus à une mascarade qu’à une véritable phénomène de mode..

Mais qu’est que c’est qu’un Hipster ?

S’attaquer à la définition du mot Hipster c’est comme si un  homme-tronc tentait de traverser l’Atlantique, à la nage, en solitaire et sans escorte : Le décryptage du Hipster est tout bonnement impossible , tant les critères de qualification pullulent sur Internet. Mais pour faire simple, le Hipster c’est quelqu’un qui veut se distinguer de la culture                   commerciale (« mainstream »  pour les anglophones). Cela se traduit dans tous les compartiments de la vie, mais principalement dans les domaines culturels. Le Hipster aura ainsi tendance à préférer la musique indie, c’est-à-dire celle qui n’est pas diffusée sur les grands médias classiques (radio et télévision) et  regardera le cinéma indépendant plutôt que les super productions hypers médiatisées.

Cette volonté de marquer sa différence par rapport aux masses le pousse à adopter une tenue vestimentaire en dehors des codes. Ceux-ci peuvent varier d’un pays à un autre, mais l’idée c’est d’être toujours le plus original possible, quitte à acheter des vêtements neufs en friperie et autres inepties  de ce genre.

Une quête de l’unique difficile à réaliser

C’est le propre de l’Homme que de vouloir être unique, c’est même la quête de la vie que de s’extraire de la masse, pour essayer d’être plus qu’une simple stèle dans un cimetière de province.

Le problème c’est que l’on ne peut pas lutter contre la mondialisation et ça les Hipster l’ont appris à leurs dépens. C’est un peu triste à dire, mais tout ce qui a fait la culture Hipster,  est devenue  commercial aussitôt. Simplement parce que des milliers de personnes se sont intéresser à la même chose au même moment. C’est par exemple ce qui est arrivé à des groupes de musique tel que Arcade Fire, The Strokes ou encore Hercules and Love Affair. Profondément ancrés dans la culture Hipster, ils sont devenus en quelques années  des  groupes « commerciaux » du fait de l’engouement massif qu’ils ont créé.

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Au niveau vestimentaire c’est exactement le même procédé; des marques qui étaient à la base portées par une petite frange de la population sont devenues, grâce à l’intérêt qu’on leur portait, des symboles de la culture populaire.

L’exemple le plus marquant est sans doute American Apparel, qui était dans les années 90, LA marque des hipsters et qui est devenue l’un des piliers de la culture américaine en 2014. D’un point de vue alimentaire c’est Starbucks qui a fait le joli coup en se popularisant grâce, encore une fois, à la culture hipster.

Le constat est simple : dans une société ultra mondialisée et ultra connectée, il est quasiment impossible de se différencier des masses, ou alors il faut tomber dans l’extrême.

Le style vestimentaire : d’effets de mode en effets de mode

En prenant systématiquement le contre-pied de tout, le hipster crée la mode tout en la fuyant, mais il se fait tout le temps rattrapé par le système. Il porte des New-Balance car c’est les chaussures de son prof de math et  5 ans après tous les kids se pavanent avec dans tous les clubs du monde entier. Il décide de porter une barbe pour faire négligé, et quelques années plus tard il apprend que les New-Yorkais payent des fortunes pour s’implanter leurs propres poils de culs sur la joue pour paraitre plus cool (désolé Sébastien Tellier et Ched Faker). À vouloir toujours se différencier des modes, il se retrouve à avoir la même dégaine que les métros sexuels qui polluent les téléréalités françaises.

Nike Running et bermuda en jeans, que l'on prive ce garçon de jus d'orange si il n'a pas une dégaine de hipster... Pourtant ce n'est qu'un pensionnaire de NRJ 12
Nike Running et bermuda en jeans, que l’on prive ce garçon de jus d’orange si il n’a pas une dégaine de hipster… Pourtant ce n’est qu’un pensionnaire de NRJ 12

Résultat, pour paraître  encore unique, les types se vénèrent, devenant des maniaques de l’originalité et s’habillant complètement n’importe comment,  pour être sûr de ne pas être copiés. C’est ainsi qu’à la sortie des Fashions Weeks on peut assister à ce genre de défiler où les gens tuent le style sous prétexte d’être o-r-g-i-n-a-u-x.

Le Normcore comme ultime recours

C’est une journaliste du New York Time qui, pour la première fois, a utilisé le terme Normcore pour qualifier le look vestimentaire d’une certaine partie de la population Londonienne.

La journaliste part d’un constat troublant: l’été dernier, en se baladant dans Soho, elle ne pouvait plus distinguer les jeunes branchés des touristes de la classe moyenne américaine. Les deux sont habillés pareils, dans un parfait non-style: jeans délavés, polaires et baskets de sports. Désormais, Steeve Jobs, Martin de la compta et même François Hollande peuvent se targuer d’avoir du style, puisque le propre du “Normcore” est de ne pas en avoir.

D’un point de vue médiatique, l’engouement que suscite le terme est assez incroyable, puisqu’en l’espace de quelques semaines, le GQ Américain a fait un top 10 de la mode Normcore, Vice France en a fait un reportage photo à Londres et la marque GAP en a profité pour faire le buzz sur Twitter, en se déclarant fournisseur de Normecore depuis 1969 (date de création de la marque bien sûr).

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On a désormais la preuve par A+B qu’Internet est un outil génialissime, mais aussi la plus grosse fumisterie que l’homme a été capable d’inventé, relayant tout et n’importe quoi, et surtout transformant le vide intersidéral en Parc d’Attractions géant.

D’un point vu social on se dit que si le comble de la hype c’est de s’habiller normalement, alors on va peut être arrêter de voir des gens porter des bonnets en plein été, boutonner leurs chemises jusqu’en haut et  se faire tatouer des ancres marines sur le poignet.

Affaire à suivre…

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1 comment

Décryptage : la gentrification, le phénomène hipster à son apogée | Les Hiboo 02/05/2015 at 09:36

[…] qui touche les différentes communautés qui composent notre population. Le hipster peut-il donc disparaître si on prend en compte toutes les inspirations qu’il a donné aux modes […]

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