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La Revenge Porn, What The Fuck ?

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Checkpoint Charly : Les questions existentielles ou presque. 

REVENGE PORN : WHAT THE FUCK ?  

Ou comment une nouvelle forme de vengeance entre les couples a explosé sur la toile américaine ? Dommages collatéraux supers chauds.

Septembre 2010.

Un smartphone vibre dans le noir.

« Je suis désolée de te l’apprendre comme ça, mais je préfère qu’on en reste là. Tu es gentil, mais je pense qu’on n’est pas fait pour être ensemble. Salut. Blair ».

Ce sont les mots qu’Alex lit sur son portable. Blair c’était sa copine. Cela faisait presque un an qu’ils étaient ensemble. Le temps s’arrête. Il est dépité. Sa gorge se noue et une boule affreusement amère remonte dans sa gorge. Il a envie de pleurer. Ses yeux aux bords des larmes sont braqués sur ce texto survenu de nulle-part. Mais à chaque relecture c’est la même chose : l’incompréhension. Et alors que le jeune californien s’apprête à écrire à son ex pour comprendre pourquoi elle le quitte par texto, son smartphone vibre à nouveau. C’est un MMS de son pote Clay : “ Tu devrais voir ça… ». C’est une photo de Blair qui embrasse un autre gars. Elle a l’air ivre et le mec tout droit sorti des Bruins, l’équipe de football de l’UCLA.

Oh la salope, pense Alex. Putain mais comment elle a pu me faire ça ?! Ça y est, Alex chiale. Il comprend que c’est la soirée à laquelle il ne s’est pas rendu ce soir. Il repense à la distance de ces derniers jours entre lui et Blair.  À vrai dire, il était loin d’imaginer qu’une malheureuse soirée suffirait pour tout bouleverser. Mais c’était le cas : une soirée, un SMS, une photo. Le tierce gagnant. Pour lui le scénario est clair : Blair venait de le trahir. Alors qu’elle le quitte sans explication, Alex réalise que son ex-copine le trompe. La haine le ronge mais le pire pour lui est de se sentir parfaitement impuissant. Ce soir Alex ne dormira pas. Seul dans sa chambre, il fait défiler les photos de Blair sur son téléphone. Chaque photo semble plus douloureuse que la précédente. Il renifle et avale ses larmes l’esprit confus. Mais alors que ses souvenirs avec elle se chamboulent dans sa tête, il tombe soudain sur une série de photos que les évènements récents lui auraient presque fait oublier. Des photos que Blair lui avait envoyées quand elle était partie au Canada avec ses parents pour les vacances de Noël. En fait des photos d’elle prenant des poses plus que suggestives devant son miroir. Complètement nue. C’était son « cadeau de Noël ». C’est alors qu’un souvenir lui revint. Un souvenir qui lui inspire une idée noire qui grandit et se propage comme un virus dans son esprit aveuglé par la colère.  Alex se souvient d’un truc qu’on lui avait raconté. Il repense à ce mec de New-York qu’il avait rencontré en soirée, un certain Hunter Moore. C’était le Dj, un gars snob et mégalo qui lui avait raconté qu’il avait crée un business XXL en fondant un site où n’importe qui pouvait poster des photos de femmes à-poil et faire du porno amateur. Il se ventait d’obtenir 300 000 clics quotidiens et de gagner 15 000 dollars par mois grâce à ça. Hunter Moore venait en réalité de créer le premier site de « Revenge Porn« . Grâce à son site les mecs pouvaient désormais se venger de leurs ex-copines en publiant les photos hots qu’ils avaient d’elles pour les humilier. Le sang d’Alex ne fit qu’un tour. Il allait se venger et c’est Blair qui dégusterait.

Quelques jours plus tard.

Blair découvre ses photos sur internet. Elle aurait pu supplier Alex de les retirer mais il était déjà trop tard. Plus de 200 sites les avaient déjà partagées. Blair abandonne les cours mais ce qui pèse sur elle est insupportable. Ses parents l’ont appris. Elle a bien essayé de mettre un terme à tout ça en appelant la police, elle pensait que c’était forcément un crime, qu’on n’avait pas le droit de faire ça, mais ils lui ont expliqué que son ex n’avait rien fait de mal, que c’était elle qui lui avait donné les photos et donc que c’était lui le propriétaire. C’était leurs mots : « Techniquement, il peut faire ce qu’il veut avec. » La fille assistait comme une spectatrice impuissante à l’enfer de sa vie. Sans parler de certains messages d’insultes qui l’accusent d’avoir chercher ce qui lui arrive. D’autres qui lui ont même dit qu’elle mériterait d’être violée et tuée. La vérité c’est qu’elle se sent déjà comme violée. Et pour la vie. D’ailleurs la vie n’a plus d’importance. Elle est salie. Quand elle se regarde dans le miroir elle ne peut s’empêcher de pleurer. Elle s’allume une cigarette qu’elle fume à moitié. Tremblante et désespérée, elle prend tous les médicaments qu’elle trouve dans la salle de bain de ses parents et les avalent d’une traite. Prise de vertiges la fille s’effondre et perd connaissance. Les photos disparaissent de sa tête. Son esprit quitte son jeune corps. La voilà libérée. Désormais plus rien n’a d’importance. Plus rien n’est grave. Un smartphone vibre dans le noir, c’est une amie qui pense à elle. Mais Blair ne répondra pas. Elle est partie. Et son téléphone vibre dans le néant.

Fin.

vengeance-pornographique

Salut les loulous ! Vous êtes de retour sur votre rubrique préférée de l’internet : le « Checkpoint Charly » sur Hurluberlu ! (Grosse explosion de paillettes avec pluie de confettis multicolores dans le ciel suivie d’une fanfare de trompettes jouées par des strip-teaseuses espagnoles… c’est-à-dire un peu « Olé-Olé »!) + (Ouais, je tente une transition sympathique pour contrebalancer avec l’histoire un peu badante du début parce que ma rubrique est cool.) + (Et oui je viens d’inventer l’écriture mathématique où l’on peut ajouter des additions entre les parenthèses… pratique non ?). Cela étant dit si l’histoire qui précède vous a touché d’une manière ou d’une autre, sachez qu’elle traduit malgré son côté romancé, une certaine réalité. Pour info je me suis largement inspiré d’histoires racontées par des victimes de la vengeance pornographique trouvées sur internet pour l’écrire. Si les personnages sont fictifs, les victimes sont bien réelles. En fait j’aurais carrément pu faire comme dans les films américains où il y a écrit « Cette histoire est tirée de faits bien réels ». La seule différence avec le cinéma, c’est qu’à la fin d’un article, y’a pas de musique épique qui fait que tu quittes la salle en te disant que le film que tu viens de voir était génial. Comme le dirait le capitaine Haddock, je fais avec les moyens du bord. Maintenant si tu penses que cette courte histoire c’est des conneries, tu peux toujours fermer cette page et aller boire un thé, c’est chaud et ça fait du bien. Mais si au contraire l’histoire d’Alex et de Blair a réveillé en toi des interrogations troublantes et qu’en plus tu penses que cette histoire ferait un super bouquin alors tu es au bon endroit. « Le revenge porn : what the fuck ??? »….THE ‘CHAUD’ MUST GO ON !

BORN IN THE USA.

C’est une pratique qui explose aux États-Unis, un véritable fléau avec des sites qui se sont spécialisés dans la diffusion de photos d’ex pour un business bien juteux. On appelle ça le Revenge Porn (ou « Porno Vengeance » en français). C’est l’histoire d’Alex et Blair. Mais aussi celle de nombreux autres couples et d’une génération bouleversée par Internet. Vous n’en n’avez peut-être jamais entendu parler et pourtant ce phénomène prend une ampleur considérable. Cette pratique consiste à mettre en ligne et à faire circuler des photos « pornographiques » de son ex-petit(e) ami(e) dans le but de l’humilier. Mais ne nous voilons pas la face, dans la grande majorité des cas (environ 95%), c’est bien le mec qui balance les photos de son ex-copine à poil. Ces photos sulfureuses qui n’auraient jamais dû sortir de la chambre à coucher font parfois le tour de la toile. Et des dizaines de sites pornos se sont spécialisés sur le marché de l’humiliation. Certains gratuits, d’autres payants. À l’heure où la vengeance est un plat qui se mange chaud, aux USA les adeptes se comptent déjà par milliers, les victimes aussi. Les photos diffusées ont été réalisées dans divers contextes souvent avec le consentement du modèle. Pour jouer, s’exciter ou entretenir une relation à distance. Sur le coup c’est grisant, après la rupture, ça peut devenir cauchemardesque. Mais ce n’est pas tout, à côté des clichés on trouve nom, prénom, adresse et parfois même le numéro de téléphone du modèle humilié. Ça plus des commentaires souvent atroces qui accompagnent les photos.  À titre d’exemple sur un des sites on peut voir L. une blonde, mince, seins nus, sexy, en petite culotte rouge. Elle se prend en photo dans un miroir et sourit. Juste en dessous ce poème écrit par son ex : « L. baise avec n’importe qui et ce même si elle a un enfant, elle s’en branle. Elle trompe son copain avec un nombre incalculable de mecs. Elle baisera avec vous facilement. ». Classe. Un des graves problèmes soulevés par ce phénomène c’est que ces photos sont visibles par tout le monde et par extension n’importe qui. L’autre, plus grave encore (bien qu’il s’agisse pour l’instant d’une minorité), est que certaines victimes comme Blair y laisse leurs vies… ce qui en réfléchissant un tout petit peu fait de leurs ex’ les responsables de leurs morts. On peut parler de tueurs ? Mais heureusement d’autres victimes ont fait le choix de parler et de se battre. Bref, de ne pas rester impuissantes face au phénomène. C’est le cas de Holly Jacobs. L’ex de cette Américaine avait diffusé des photos d’elle qu’elle lui avait envoyées, dans une période où ils vivaient à distance. Après avoir lancés une pétition et un site pour sensibiliser au problème et soutenir les victimes, certains états américains ont fini par légiférer, comme la Californie en promulguant une nouvelle loi criminalisant le Revenge Porn et plus récemment l’état de New-York qui aimerait prohiber cette pratique en proposant une sanction allant jusqu’à 1 000 dollars d’amendes et un an de prison. Des politiciens voudraient même aller plus loin en montant l’amende à 30 000 dollars. Ça va faire cher la photo humiliante. Mais quel est le prix de l’image d’une personne ? Et celle d’une vie ? Mais une faille subsiste encore en faveur du porno sans consentement. En effet, ce que la loi californienne dit c’est « que les victimes sont protégées seulement  si c’est celui qui détient la photo qui l’a prise ». En clair la loi californienne ne s’applique pas si c’est la victime qui a pris elle-même la photo. Le souci, c’est que dans 80% des cas cela se passe comme ça. Pourquoi ? Des pressions d’associations pour la liberté d’expression qui constitue l’amendement numéro un aux États-Unis. Mais la bonne nouvelle c’est que 10 autres états sont en train de criminaliser le porno vengeance (vengeance pornographique). Les bases se posent et bientôt les lois iront plus loin.

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Mais alors comment une nouvelle forme de vengeance entre les couples a explosé sur la toile américaine ? Dans les faits, c’est bel et bien ce diable de Hunter Moore, qui au-delà d’être l’un des personnages de mon histoire, est le mec bien réel qui serait à l’origine du premier site de revenge porn. L’équipe de Canal l’avait rencontré à New-York lors d’une soirée « Sexy-Trash » sur un bateau où le gars chauffait l’ambiance derrière les platines. Au royaume de la débauche, c’est la star des post-ados écervelés qui jouent à la vie comme si c’était un film porno. Car chez eux, poser nu et envoyer les photos  sur Internet, c’est la norme. Une blonde éméchée dit même à la caméra : « Si t’es bonasse, vas-y prends-toi en photo et partage-les et envoie tes photos au monde entier« . Pour revenir à Mister Moore, devant les journalistes, le mec se défendait d’avoir « trouvé le moyen de payer ses factures et d’avoir juste été assez malin pour faire de l’argent avec les erreurs des autres. » Il disait « être juste un être humain qui aime les femmes à poils… (je ne le blâmerai pas sur cette partie là) il y a des gens qui ont utilisé mon site pour se venger, mais cela ne veut pas dire que c’est moi le méchant. Vous savez, les temps changent, moi j’espère juste avoir éduqué les gens à la technologie« . Bref, le mec joue le bad-boy malin (ce qu’il est probablement) mais cherche quand même à se dégager de toute responsabilité en cas de « dommages collatéraux ». Son discours tiendrait presque la route (je suis plutôt ouvert d’esprit, notamment par rapport au porno et à la technologie) si je n’avais pas l’impression que ce type n’a aucun problème de conscience avec le fait de se remplir les poches en ruinant des vies. Sachez quand même que pour ses leçons de technologie le gars a été entendu par le FBI. Se cachant derrière la liberté d’expression, reversant la faute et la responsabilité sur les gens qui ont pris les photos, le bad boy a été relâché. Mais face à la campagne anti-revenge porn qui sévit outre-Atlantique, Hunter Moore a quand même été contraint de fermer son site. Mais si le gars est peut-être le dernier des tocards, il a flairé avec intelligence (oui ça m’arrache un peu la gueule de le dire) une tendance qui est à l’origine même du revenge-porn. Le mec n’a fait que surfer sur une vague d’hyper-sexualisation de la société sur internet. Le cas d’Hunter Moore reflète en fait une réalité plus sombre que lui.

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PORNIFICATION.

Avant on menaçait d’envoyer la photo par courrier à l’entourage, aujourd’hui, on menace de la poster sur Internet. Ça c’est pour le chapitre « La technologie change la manière de faire » (mot-dièse : #vivonslahappytechnologie). Pas besoin d’écrire une page dessus, vous avez pigé l’idée. À la limite le seul truc à dire c’est qu’avec internet c’est public, donc plus grave. Mais ce qui m’intéresse en revanche et qui pourrait bien être la source du problème c’est le phénomène de « Pornification«  de notre génération, lui-même « marié » à la célèbre mode des « Selfies » et la pratique (pas nouvelle) du « sexto« . Pornification, autrement dit l’hypersexualisation des mœurs.  Il s’agit en fait d’un phénomène encouragé par les grandes marques de vêtements et cosmétiques, par les stars adolescentes au sex-appeal débridé (et pour cause le sexe est leur fond de commerce), par la presse, par la télé-réalité et ses anges de la débauche qui ont à peu près autant de jugeote que la mouette moyenne en période de reproduction, par les médias en général mais aussi (et malheureusement) les films pornos en streaming. À mon sens, le problème n’est pas le porno à proprement parler. Du moins pas directement. Les mecs (que j’allais désigner comme « les principaux consommateurs de films X » mais c’est un pléonasme) savent pour la plupart faire la différence entre la fiction et la réalité. Le porno c’est le fantasme, autrement dit une fantaisie de l’imaginaire qui par définition n’a pas pour but d’être assouvi. Non, je pense que le problème vient plutôt de la société de l’image dans laquelle nous vivons, qui emprunte aujourd’hui tous les codes de la pornographie pour les copier-coller dans la vie réelle, jusqu’à les exposer comme modèle de vie. On voit des Nabilla, Zahia, Miley Cyrus et autres bombasses vulgaires devenir des icônes et des modèles de réussite. C’est un peu l’histoire de Pretty Woman. Comme si avant d’être une princesse il fallait être une pute. Ou du moins en jouer le rôle. Here comes the Bitches ! Bien-sûr c’est de la provoc’, du jeu, du « c’est pour de faux », mais cela fonctionne à merveille. De ce fait on assiste l’hyper-érotisation des expressions, des postures, du vocabulaire et des codes vestimentaires… cela inspire tout le monde et surtout les plus jeunes. Cela dit, le fait que le sexe soit vendeur n’a absolument rien de nouveau (sans remonter trop loin on peut déjà se remémorer le fameux « Like a virgin » de Madonna). Le truc qui est neuf c’est que cette imagerie pornographique a changé de statut. Elle est passée de « provocatrice » à parfaitement normale. Ce qui avant était considéré comme un gros bras d’honneur à l’ordre établi est devenu l’ordre établi. Et le plus drôle (si on peut considéré cela comme drôle), c’est que notre société de l’image n’a presque rien eu à faire puisque notre génération s’est complètement approprié le concept. C’était une parfaite Inception. La seule chose à faire c’était planter la graine et nous on s’est chargé du reste. Et on a bien bossé. Alors le cul c’est Rock’n’Roll et tout, mais là où la Pornification pose problème c’est qu’en devenant un phénomène généralisé, elle a troublé notre perception des choses. Je pourrais dire qu’elle nous a abrutis, mais c’est plus fort que ça : elle nous a aveuglés. En se généralisant, les codes du cinéma dénudés ont flouté les frontières entre fiction et réalité. L’effet de mode devenant la norme, le corps humain a perdu de sa valeur, altérant les jugements de certains jusqu’à permettre une confusion dans leurs rapports au sexe dans la vie courante comme dans la vie digitale. Un chose en entraînant une autre, il n’a pas fallu grand chose pour que des mecs sans repère (pour ne pas dire des abrutis) perçoivent le corps (pour ne pas dire celui de la Femme) + (pour ne pas dire la Femme tout court) comme un objet sexuel public parfaitement diffusable sur internet. En gros, comme dans leurs perceptions la fiction est devenue une réalité, certains individus confondent les deux. Pire, ils trouvent ça cool. Pornification oblige.

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Alors c’est simple, vous prenez cette tendance, vous la mélangez avec la culture du partage sur Internet, des photos sexy sur Facebook, du selfie devant le miroir (j’ai même découvert hier la nouvelle mode du « Sexselfie » qui consiste à faire une photo après une partie de jambes en l’air puis de la partager sur les réseaux… non mais sérieusement WTF ?) et vous obtenez après une belle rupture bien douloureuse, le méchant concept du « porno vengeance ». Au fond, quand Hunter Moore dit que les temps changent, il a raison. Alors loin de moi l’idée de revenir à une société aussi pieuse que coincée, pour ainsi dire je ne suis pas fan du politiquement correct non plus, mais la vérité c’est que nous ne sommes encore qu’au début d’une ère ou sexe et technologie vont être intimement liés. À nous enfants de l’image et de l’internet, d’en tirer nos propres enseignements pour apprendre à vivre avec. C’est un sujet passionnant sur lequel je n’ai (à titre personnel) aucune leçon de morale à donner à personne et surtout pas à toi lecteur chéri. Chacun peut en son âme et conscience vivre sa vinaigrette sexuelle comme il l’entend. Mais si je devais donner mon avis, je dirais que l’intimité c’est bien, que le revenge porn c’est aussi lâche que cruel et qu’internet n’a rien à foutre dans une vraie bonne partie de jambes en l’air. Appartient au couple de gérer et protéger sa vie sexuelle réelle et digitale comme il l’entend. Point positif : si en France, il y a des sujets sur lesquels on n’est pas bien armés, sur celui-là, on l’est très bien. Une personne te menace de diffuser une photo de toi ? Te fait du chantage ? BIM, cinq ans de taule dans la gueule et 75 000 euros d’amende. Atteinte au droit à l’image et à la vie privée ? REBIM, un an de taule et 45 000 euros d’amende. Le tout sans passer par la case départ. Des sanctions qui devraient vite calmer les petits malins français qui voudraient humilier leur copine sur internet. À priori, au pays de l’amour, le couple peut encore « sextoter » sereinement.

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UNE THÉORIE SUR LE REVENGE PORN.

Pour finir, j’aimerais partager avec vous la pensée d’un journaliste sur la « vengeance pornographique » qui a formulé une petite théorie que je rejoins complètement. Le mec est allé sur ces sites, et retient une expérience intéressante. Intéressante car au final très peu excitante. Étrange parce qu’on y retrouve à peu près ce qu’on recherche sur un site porno classique. Mais selon-lui, tout se loge dans l’ « à peu près ». En fait si les images sont si peu excitantes c’est qu’elles sont autre chose qu’excitantes. Les sites pornographiques traditionnels regorgent de ce porno amateur, de ces gens normalement beaux – c’est-à-dire normalement moches -, qui se livrent à des activités sexuelles mal filmées (photos surexposées ou sous exposées, caméra de travers, qui tremble, qui tombe etc.…). Et l’excitation, vous le devinez, provient de l’effet de réel donné par ce moindre souci porté à l’esthétique, qu’elle soit physique ou technique. Ces images de « revenge porn », dans leur côté mal foutu, devraient provoquer cette même excitation. Eh bien non. Parce qu’on est encore en dessous du porno amateur, on est dans une autre zone. Le revenge porn provoque autre chose. Voilà sa théorie mot pour mot :

« Dans toute leur crudité, dans toute leur laideur parfois, ces images sont émouvantes. Elles sont émouvantes parce qu’elles ont excité. Elles ont excité deux personnes, dans un contexte qu’on imagine : l’éloignement, la séparation, l’impossibilité de se voir, le dévoilement progressif, la découverte de la photo. Et parfois, le contexte, c’est aussi un décor, un intérieur, une literie, des dessous de mauvais goût. Ces images sont émouvantes dans leur quête de l’excitation de leur destinataire, quête souvent maladroite car surjouée, excessive. Elles sont émouvantes par le complexe jeu de regard qu’elles supposent. Elles sont émouvantes parce qu’elles sont les résidus d’une histoire, parce qu’elles sont des traces. Mais comme l’était auparavant une correspondance amoureuse, parce qu’on n’a pas attendu Internet pour s’exciter à distance avec des images et pour en garder des preuves. « 

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Bon il n’y a pas de fumée sans feu, si cette pratique a explosé, c’est bien qu’il y a quelque chose. Mais l’émotion qui transpire à travers ces images dérange. Et le jeu du fantasme qui appartient au porno amateur finalement bien codé, disparaît. Enfin pour ce qui est de l’excitation à distance comme le prouve ce vieux coquin de Flaubert, on n’a finalement pas inventé grand chose. Voilà pour conclure, je vais faire comme les films américains et terminé mon checkpoint de ouf sur une chanson rock méga puissante qui fera décoller vos likes sur Facebook !

Poets & Pornstars – Rock And Roll

Le Checkpoint Charly c’est fini pour aujourd’hui, mais on se retrouve dans un mois pour plein de nouvelles questions existentielles ou presque. Allez ciao bonsoir !

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