En cette année 2015, nous allons vivre trois vendredi 13. D’emblée, il est important de préciser que le vendredi 13 est loin d’être une chose hors du commun. En réalité, le vendredi est même le jour qui tombe statistiquement le plus souvent sur le 13ème jour du mois.
Mais les chiffres et la raison n’empêchent évidemment pas la superstition d’envelopper ce jour si mystique. Chance ou malchance ?
Les théories vont bon train quant à la signification de la fameuse date et son origine. Et il faut dire que la Française des Jeux alimente aussi bien le fantasme collectif que les légendes urbaines (ou rurales) exposant les risques de croiser un chat noir, un vendredi 13, après avoir brisé un miroir… Il existerait même une « paraskevidékatriaphobie » qui traduirait la phobie de ce jour. Il est d’ailleurs intéressant de noter que 41% des français se déclarent superstitieux et sensibles à cette date spéciale. Voltaire doit se retourner dans sa tombe.
Mais pourquoi le vendredi 13 est-il considéré comme un jour si particulier ?
Etymologiquement, vendredi vient du latin « veneris » et « dies », autrement dit « le jour de Vénus ». Vénus étant la déesse de la beauté et de l’amour, on comprend mal comment un tel jour pourrait être si maléfique ou bénéfique. Quant au treizième jour du mois, et sans rentrer dans des considérations numérologico-astrologiques, rien ne permet de rattacher objectivement le nombre à quelque chose de négatif ou positif.
Les causes seraient donc à chercher du côté des légendes, mythes et textes religieux. Et plus particulièrement dans le Nouveau Testament.
Une célèbre mise en Cène
En effet, tout semble partir du dernier repas de Jésus en compagnie de ses douze apôtres. L’ambiance du repas devait être relativement tendue dans la mesure où Jésus annonça à ses disciples que l’un d’entre eux, Judas l’Iscariote, le trahirait et qu’il s’agirait de son dernier repas. Le lien entre « vendredi » et « 13 » semble justifié par le fait que Jésus aurait été crucifié un vendredi…
Toujours s’agissant de la chrétienté, mais cette fois-ci en l’an 1307, le vendredi 13 semble également basé sur l’arrestation simultanée dans toute la France, la torture et, probablement, l’exécution d’environ 2000 templiers. Plus précisément, le massacre aurait été ordonné en raison d’une trop grande accumulation de richesses et d’influence par l’Ordre, cela déplaisant fortement au roi Philippe Lebel.
Mais si l’on remonte plus loin, le mythe du vendredi treize peut remonter jusque dans l’inconscient collectif de la Rome Antique…
Vendredi 13: Ave-ndrendi
Les romains semblaient, bien avant l’époque de Jésus, peu apprécier le chiffre 13. Cela tient au fait qu’ils considéraient le 12 comme étant le symbole de perfection absolue, le chiffre parfait. Tellement parfait qu’ils avaient 12 dieux, 12 heures pour le jour, 12 heures pour la nuit, 12 constellations et 12 signes astrologiques. Le 13 était donc perçu comme un 12 vicié, un 12 auquel on a perverti le parfait équilibre.
S’agissant du vendredi, et on rejoint l’idée développée par la crucifixion du Christ, son caractère « maudit » proviendrait du fait qu’il était le jour des exécutions.
Peu importe la provenance du mythe, le caractère profondément négatif de cette date, dont la crainte suscitée a traversé les siècles, demeure une constante. Mais si certains tentent encore leur chance au Loto le vendredi 13, c’est peut-être parce que ce chiffre symbolise celui de la vie dans la tradition chinoise.
Quoiqu’il en soit, et selon cette délicieuse pensée de Jean Cocteau « La superstition est l’art de se mettre en règle avec les coïncidences ». Aussi, je ne puis que vous conseiller de profiter de ces vendredi 13 comme de jours tout à fait ordinaires et de relativiser si d’aventure vous aperceviez treize chats noirs…