Le disque du mois de décembre 2013 avec Casseurs Flowters
Depuis la création du site en octobre, on avait encore pas donné dans le rap français alors que pourtant ça nous botte comme un drop de « Titou » Lamaison à la grande époque du XV de France.
On va donc remédier à ce manquement en vous présentant le dernier album d’Orelsan et de Gringe, alias les Casseurs Flowters. L’appellation qui caractérise le projet de ces deux potes qui ont décidé de raconter leur journée type, celle de deux rappeurs un peu oisifs qui essayent de trouver l’inspiration. On doute que dans la vraie vie Orelsan soit un vrai branleur, notamment depuis qu’il a raflé sa victoire de la musique l’année dernière pour son excellent album « le chant des sirènes ». En dénonçant les vices de la société française notamment dans suicide sociale il a su laver son image de rappeur violent et misogyne qui lui collait à la peau depuis la réponse un peu violente qu’il avait fait à son ex-copine dans « sale pute » en 2009.
Quoi qu’il en soit, il faut bien avouer qu’avec cette nouvelle galette, il s’éloigne un peu de son rap corrosif et dénonciateur qui lui avait donné le succès en 2012.
Car le projet Casseurs Flowters est avant tout un disque humoristique, presque un two man show qui racontent les galères de deux potes un peu perdus, mais complètement authentiques, ce qui les rend très attachants. L’histoire commence doucement, à 15h pour se finir après une grosse soirée à 6h du matin. Entre temps, les deux potes cultivent l’autodérision pour aborder des sujets de la vie de tous les jours. Oscillant entre la musique c’est vrai, c’est tout de même le gagne-pain des rappeurs, mais aussi la picole et les filles ou les galères des transports en commun. Ils abordent aussi des sujets qui ont fait l’actualité de ces derniers mois et notamment la prostitution, une réponse est d’ailleurs donnée aux fameux manifestes des 343 salauds dans les « putes et moi ». Façon Orelsan, on vous laisse imaginer comment ça envoie au niveau des punchlines. Même constat, avec « regarde comme il fait beau » ou « la mort du disque », qui pique comme du citron sur une plaie à vif.
Concernant les paroles donc, il n’y a vraiment rien à dire, c’est parfois un peu cru mais c’est franchement drôle. En revanche les beats sont fades, voire faibles, et c’est bien dommage. On ne va pas se mentir, avec une instru digne de ce nom les Casseurs Flowters auraient vraiment cassé la baraque. Mais finalement, c’est pas là où les deux compères voulaient aller. Ils ne sont pas sur le terrain du rap classique et c’est tout l’intérêt de leur projet. Ce qu’ils voulaient faire, c’est mettre en abime le public dans leur vies passées. Celles de deux mecs, qui ont passé pas mal de temps à faire des rap-contact entre potes et à gratter les culs de joints devant la console avant que le succès ne frappent à leurs portes.
Alors c’est sûr que ça change des grosses pointures du rap français, celles qui étalent l’argent et les filles aux yeux du monde. Celles qui font briller les gros diamants et autres voitures de luxe, en donnant des leçons à la terre entière et en inventant des petites rivalités de gangsters façon Notorious Big et 2 Pac alors qu’ils n’ont jamais touché autre chose que des fusils à air comprimé. On ne va pas faire un procès à ces types maintenant, c’est bientôt les fêtes de fin d’année et on ne veut pas être médisant. Mais c’est vrai que ça fait du bien d’écouter des gars qui se prennent pas au sérieux. D’autant plus que travailler à passer pour un branleur n’est pas une mince affaire. En effet, ces Casseurs Flowters ne jouent pas sur le seul registre de l’amusement. Rappeurs chevronnés, ils tiennent surtout à faire de cette épopée passée un bon disque de rap, soit le cœur de leur sujet, fut-il saupoudré d’humour. Raconter une histoire sérieuse mais drôle, c’est la recette du duo, qui rappelle un peu la plume de 20syl, le MC d’Hocus Pocus, et dont on est particulièrement fan.
On vous laisse juger par vous même.
Casseurs Flowters – Le rap des faux branleurs
est donc un très bon disque de divertissement, drôle et plein d’autodérision, qui, dans son genre, est parmi ce qui se fait de mieux à l’heure actuelle, voilà pourquoi on vous le recommande chaudement en ce mois de décembre .
Notre dernier disque du mois est à consulter ici avec Cascadeur