« On fera avec ». On fera avec la vie, on fera avec nos échecs, avec nos angoisses et nos remords. On fera avec nos rêves avortés, nos amours morts nés. On fera avec le regard des autres, l’incertitude et la lassitude. On fera avec la mort et le fardeau qu’elle laisse derrière elle.
On fera avec, Manu Larcenet, 1999 est une BD initiatique, à couper le souffle dont vous n’êtes pas prêt de vous lasser. Elle se lit en une demi heure mais vous vous surprendrez à remettre le nez dedans régulièrement.
Hurluberlu, j’ai décidé de l’appeler comme ça parce que Manu il lui a pas donné de nom à son petit bonhomme tout perdu. Bon. Hurluberlu se balade de case en case, et de déception en déception. On a un peu envie de le prendre sous son aile sauf que… « On fera avec », rappelle à quel point on est tous pareil. Et si vous êtes pas comme Manu, ni comme Hurluberlu, ça sert à rien de lire cette BD.
« La vie est compliquée. C’est toujours quand on croit qu’on est tout au fond du gouffre… qu’on est certain de ne pas pouvoir descendre plus bas… Qu’on aura beau s’agiter, l’existence ne pourra pas être plus pourrie…. C’est toujours à ce moment-là que ça empire ».
Avec beaucoup de dérision, Manu Larcenet connu pour son univers toujours entre la noirceur/la laideur du monde et son ironie, dépeint un univers enfantin, mais un peu dur quand même, dans « On fera avec ». On a tous envie de se retrouver dans ses bulles qui éclatent, on a aussi tous envie de leur échapper. Surtout.
Manu a de l’humour, aussi noir soit-il et il a des traits fins. Pas de couleurs. Ici, on est pas dans « Le combat ordinaire » ni dans les blast dans « Blast ». C’est un peu l’une de ses premières BD, ses premiers coups de crayons publiés au grand jour. On ne sait pas vraiment s’il les aime bien mais nous, on adore. Parce qu’On fera avec, est subtile et d’une immense fragilité. Parce qu’On fera avec, nous donne du vague à l’âme, certes. On se dit qu’on n’a pas fini de ramasser des coups dans les dents, que c’est un peu un cercle à l’infini, vicieux ou pas, ça dépend des jours. Ca dépend des gens qu’on croise.
Mais On fera avec apprend surtout à savoir rire de soi. C’est un peu tout ce qui se passe dans nos têtes à nous, nos tranches de vie. Aussi laborieuses et mélancoliques soient elles. Manu Larcenet nous donne un sourire un peu gêné, « putain, c’est vraiment moi ça… », mais peu importe. On peut lui dire merci parce qu’on a presque envie de s’accepter tel qu’on est après une lecture pareille.
« Globalement, on passe une grande partie de sa vie à souffrir. La souffrance du corps et de l’esprit. C’est vrai qu’il y a des moments magiques. Certains instants où on se sent étrangement plus proche de soi et de l’univers… Mais quand même, on doit souvent tout payer par la souffrance ».
Moi aussi, je veux être aventurière.
FIN.
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