Malgré un temps gris ce matin là, Reims paraissait lumineuse. Chaque bourgeois, chaque corporation avait pavoisé chacune des rues. Dans la cathédrale, s’avance seul, François, dans son costume de damas blanc, précédant de plusieurs pas les 6 pairs ecclésiastiques, portant l’ampoule, le sceptre et l’anneau royal. Puis viennent les 6 pairs laïcs, chargés de l’épée de Charlemagne, sa couronne, et de l’étendard royal. En ce 25 janvier 1515, François est sacré roi de France, c’était il y a 500 ans.
2015 est donc l’année François Ier : Demi millénaire du début de son règne (1 Janvier 1515), de son sacre (25 janvier 1515) de Marignan (13 et 14 septembre 1515), etc..
Son exercice du pouvoir est aux antipodes de son très lointain successeur, mais néanmoins homonyme. Nul besoin pour lui de se cacher sous un casque pour monter chez sa maîtresse afin ne pas être reconnu. Ses sorties galantes étaient au contraire assez tapageuses, et François, au moins avant son sacre, aimait courir la gueuse dans les hôtels borgnes des faubourgs de Paris. On raconte qu’une bourgeoise lyonnaise préféra se défigurer en plongeant la tête dans un brasier, plutôt que de succomber à ses charmes.
Le règne de François Ier va profondément modifier la France dans ses paysages, sa culture, sa position internationale.
Un roi bâtisseur :
Fini le Louvre modèle château de sable, place aux prémices du bâtiment que nous pouvons voir aujourd’hui (pyramide exclue). François 1er a modifié ou bâti bien des demeures royales : Chambord, rêve de chasse en partie inachevé, Blois, Amboise, Fontainebleau pour les plus fameuses.
Un roi de la Renaissance :
Marignan 1515, ok tout le monde connaît, en revanche Pavie 10 ans après, c’est comme le siège d’Alésia, la défaite de Crécy, ou le bus de Knysna : on préfère vite oublier. Bref les campagnes d’Italie ne furent pas un franc succès militaire. Mais en France, pour transformer des défaites en succès on est aussi fort qu’en gastronomie.
Ainsi, lors des dernières élections, le chef du gouvernement peut tranquillement expliquer, que même s’il a bien perdu, les autres n’ont pas totalement gagné, en tirant sur son Havane n°3.
François 1er noya l’amertume de la défaite dans la majestuosité des arts et rentra en France avec bon nombre d’artistes italiens dont le plus connu est Léonard de Vinci mais dont les plus actifs créèrent une des premières écoles de peinture en France sur le chantier du château de Fontainebleau.
Un grand chef d’Etat.
Que se soit dans sa diplomatie ou dans les affaires internes, il restera comme un grand monarque. Afin de parfaire l’unité du pays, il impose le français dans toutes les administrations. Il noue des alliances audacieuses : avec les luthériens de l’Empire germanique alors qu’il combat les protestants en France ou avec le musulman Soliman Le Magnifique alors que celui-ci menace l’Europe chrétienne. Mais le paradoxe de ce roi est d’avoir fait rentrer la France dans l’humanisme de la Renaissance alors que son règne s’achève dans les premiers étripages des guerres de religion.
Pour approfondir sur ce personnage, il y a de nombreuses expositions à Paris ou ailleurs, tout au long de cette année, dont une notable à la Bibliothèque Nationale de France à voir jusqu’au 21 juin.