Coups de Coeur

Génération Y : la fin du cinéma ?

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Il paraît que nous faisons partie de la génération Y. Nés dans les années 90’s, nous semblons présenter des caractéristiques diverses et variées parmi lesquelles notre appétence pour les nouvelles technologies et notre goût pour le numérique. Il m’est impossible de nier cette évidence. J’écris cet article sur un ordinateur dont mes parents auraient difficilement imaginé l’existence lorsqu’ils avaient mon âge, tout en jetant régulièrement un œil sur un téléphone dont beaucoup se demandent s’il sera bientôt capable de faire du café tant il nous est devenu faussement indispensable. Et bien que cela ne soit pas quelque chose que je pratique, je suis consciente que 90% de mon entourage a recours au téléchargement illégal (inutile de me demander des noms, je nierai tout en bloc) de séries et de nouveautés cinéma. Sans juger cette pratique, comment envisager l’avenir de l’industrie du cinéma ? Vaste question, je sais. 

La génération Y, bourreau du cinéma?

Selon une étude réalisée par la SOFRES en 2014, un Français sur six a eu recours au téléchargement illégal pour visionner un film au cours de l’année 2013 – et je ne vous parle même pas du pic au moment de la sortie de Game of Thrones. Mais les séries sont un cas à part, étant un divertissement initialement destiné à être consommé chez soi. Le cinéma, en revanche, doit faire face à une évidente érosion de son potentiel d’attractivité. Quand il est possible d’avoir accès aux dernières nouveautés en quelques clics, pourquoi payer six, sept, huit euros pour partager l’écran avec 299 autres personnes ? La réponse se trouve dans la question.

Pourtant, en France, la fréquentation des cinémas ne paraît pas si catastrophique. En 2014, selon les chiffres du Centre National du Cinéma et de l’Image Animée, 208.97 millions de tickets de cinéma ont été vendus et sur les 283.7 euros dépensés en moyenne par chaque foyer français la même année, près de 50 euros ont été consacrés à l’achat de tickets. Malgré ces chiffres, le cinéma français peine à afficher une santé florissante et le problème n’est pas qu’hexagonal.

Cinéma 2.0

Notre génération a connu la fugace domination de MSN avant une disparition brutale, la lente dégénérescence de l’iPod au profit de l’iPhone, la fin de Nokia. Nous sommes habitués au changement, à la nouveauté et parfois sommes à l’initiative de ces évolutions sans avoir conscience qu’une page se tourne. Mais serons-nous la génération qui plombera le cinéma ? Fréquentera-t-on encore les salles noires lorsque j’aurai l’âge d’y emmener mes petits-enfants ?

Je ne peux parler que de mon expérience personnelle et il me semble que je ne cesserai pas d’aller au cinéma. L’année dernière, j’ai adoré une dizaine de nouveaux films, que j’ai tous vus au cinéma.

Parmi ces films, certains nécessitaient que je me déplace, que je paie un ticket et que je m’asseye aux côtés de 299 inconnus. C’est le cas d’Interstellar par exemple. Il me paraît irréaliste de penser que ce film me fera le même effet sur un écran d’ordinateur que celui ressenti lors de la projection. L’immensité des décors, la bande-son entêtante et réussie, l’intrigue intelligente et redoutablement bien menée. Difficile d’argumenter que la claque cinématographique sera de même ampleur sur mon canapé.

Happy ending 

Les caractéristiques techniques d’autres de ces films ne justifiaient pas systématiquement le fait d’assister à une séance dans un cinéma. Je pense par exemple à Boyhood, Mommy, Gone Girl, The Grand Budapest Hotel. Dans le cas de ces films, c’est autre chose qui est en jeu. Je me souviens très distinctement qu’en sortant de la salle, je me suis dit à chaque fois que mes voisins et moi avions vécu un beau moment de cinéma. Quelque chose d’étrange, une parenthèse. Que ce soit à Berlin après Boyhood dans ce minuscule cinéma de quartier taggé ou suite à la projection en québécois sous-titré allemand de Mommy dans ce grand cinéma au plafond étoilé de Neukölln, j’ai pensé que ces gens-là et moi nous rappellerions de cette séance. Et que durant les trois prochains jours, nous aurions le même sujet de conversation dans des lieux et des circonstances complètement différents.

Le cinéma ne mourra pas, les idéalistes de la génération Y veillent.

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