Demi portion est devenu en l’espace d’une dizaine d’années, une figure reconnue et respectée dans le milieu du Hip Hop. Son réel talent d’écriture et un rap sans fioritures ni artifices de production triomphe en octobre 2011 avec Artisan du Bic. Ensuite viennent les EP Sous le Chocde 2010, Sous le Choc, Vol. 2 qui offre en octobre 2012 un avant-goût de l’album Les Histoires annoncé par Demi-Portion. Il faut en fait attendre un peu plus d’un an pour voir sortir ce deuxième album de seize titres le 25 novembre 2013. Toujours indépendant, Demi-Portion tourne abondamment pour survivre de son art.
En 2015, il sort l’album Dragon Rash qui fait référence à la série animée à succès Dragon Ball Z. Oxmo Puccino, Disiz, Aketo et Mokless l’accompagnent dans ce retour vers les années 1990.
On est parti à la rencontre de ce super Sayen du Mic, humble et d’une grandeur d’âme sans pareil, lors d’un concert donné à Besançon.
Go !
Notre interview avec Demi Portion
Peux-tu évoquer tes débuts et d’où te vient ce blaz ?
J’ai commencé il y a 20 ans. On était six petits jeunes du quartier à Sète et on s’appelait les demi-portions. Certains rappaient, d’autres dansaient. Nous étions les demi-portions jusqu’en 2000 puis je me suis connecté à un autre MC qui s’appelle Sprinter et c’est là que j’ai utilisé ce blaz comme nom de scène.
Quelles différences y’a-t-il entre ton dernier album (Dragon Rash) et le précédent (les Histoires) ?
« Les histoires » est un album beaucoup plus calme, lent, avec deux feats que je compare à une musique de bibliothèque (rires). Je voyais une tournée acoustique que je n’ai malheureusement pu mettre en place.
En revanche Dragon rash est un peu plus rap au sens dur, un peu plus rythmique, ce que j’avais l’habitude de faire avec mes propres productions.
Tu apportes ta griffe sur plusieurs albums (Lacraps, Nakk Mendosa, La Rumeur, Guizmo…) c’est important les connexions entre artistes ?
Oui. J’ai toujours marché avec les collaborations, que ça soit sur mixtapes ou albums. Je privilégie les relations humaines avant l’artistique. Après tout dépend des opportunités qui s’offrent à moi. J’ai attendu 20 ans pour faire une collab’ avec Mokless de la Scred Connexion même si je le connais depuis très longtemps.
Le titre, (tout album confondus) sur lequel as-tu pris le plus de plaisir et dont tu es le plus fier ?
Je ne suis jamais fier de mon travail, j’ai du mal à m’écouter. Je dirais sur le morceau « Une chaise pour deux » avec monsieur Oxmo Puccino. C’était un honneur, il m’a donné de la force. Je suis fier qu’Oxmo ait accepté un petit mec comme moi.
Quelles sont tes influences musicales ?
Étant minot j’ai eu du mal à adhérer à Brassens. Puis en grandissant, je m’en suis rapproché artistiquement, j’ai fait quelques hommages pour lui à Sète sans le reprendre car c’est impossible. Côté rap français, j’en ai beaucoup ! Je pense à la Fonky family, la Scred, Rocé, Roca, la Mixture. Je suis un peu bloqué à « l’époque » mais j’écoute ce qui se fait actuellement. Je suis le meilleur ami de youtube. J’ai également beaucoup écouté de rap américain « East Coast » comme Jadakiss et j’ai été bercé par Gangstarr, DJ Premier et bien d’autres.
Le Rap c’est du texte avant tout, aimes-tu lire ?
Je suis un peu fâché avec les livres. Le dernier en date est « Les quatre accords toltèques » J’suis malade avec les bouquins mais j’essaie de m’y pencher de temps en temps.
Dans ce cas qu’est-ce qui te pousse à écrire ?
Ma source d’inspiration reste la vie de tous les jours, le vécu, mes déceptions, mes joies, tout ce que je peux imaginer.
Quel regard portes tu sur ton rap ?
Je ne me revendique pas puriste, mais comme un artiste underground indépendant. À Sète, on se devait de faire les choses seuls. Je suis libre aujourd’hui grâce aux convictions que j’ai pu garder.
Et sur le rap « commercial » que l’on peut écouter sur des grandes stations ?
Le rap évolue, il plaît à un autre public. Je n’écoute pas ça. Pour autant je ne me sens pas en guerre contre eux. On les respecte. Chacun doit voir sa musique pour son public. Mais quand je vois les textes de certains MC, c’est un peu chaud de faire écouter leurs textes à des petits. On n’est pas forcé d’écouter ça. On peut s’en sortir autrement et distribuer sa musique sur des réseaux parallèles. Le retour aux sources est en train de se faire et c’est bien.
Quels sont selon toi les trois traits de caractères qui te définissent ?
Timide, timide, timide (Rires). Non je dirais timide, discret et ouvert.
Pour finir, quel est selon toi le meilleur album de rap connu à ce jour ?
Le meilleur album de rap que j’ai écouté reste « Détournement de son » de Fabe. C’est un album qui parle de sujets qui sont encore d’actualité à l’heure actuelle et s’il revenait sur scène on répondrait présent.
Propos recueillis par Théo GILLET