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Atteindre l’excellence ? Un café avec Robert Greene.

Robert Greene
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Comment atteindre l’excellence ? La réponse en un café sans sucre avec le maitre du pouvoir de la séduction et la manipulation : Robert Greene

 

Célèbre écrivain américain, Robert Greene a débuté ses études à l’université de Berkeley ainsi que les lettres classiques à celle du Wisconsin-Madison (Bachelot of Arts en Lettres Classiques). Son œuvre, écoulée à des millions d’exemplaires dans le monde a été traduite en plusieurs langues. Plus de 1,2 millions de copies sont vendues aux États-Unis seulement ! L’auteur traite de sujets polémiques qui mettent à bien les clichés et convictions du monde occidental en revisitant une pensée collective. Ambitieuse, stratégique, et à dimension politique, l’œuvre de Robert Greene propose d’atteindre une certaine idée de l’excellence originale et très américaine de part son contenu innovant et le message qu’elle véhicule.

"The world couldn't care less about your entrepreneurial idea"

« The world couldn’t care less about your entrepreneurial idea »

Autour d’un café à Saint Germain des Prés, nous abordons l’origine de son travail. L’écrivain a cette allure d’homme d’affaire, loin des mythes européens d’une plume perdue dans sa tour d’ivoire des poètes. La lecture de textes latins, romains, et plus généralement historiques, a permis à Robert Greene de se forger une solide culture littéraire. L’œuvre d’Hemingway est également, pour lui, source d’inspiration. Le concept de manipulation, qui frôle celui de paranoïa, est au cœur de sa réflexion machiavélique sur les rapports de pouvoir qui s’instaurent entre les individus dans la société contemporaine. C’est la théâtralisation poussée à son paroxysme du petit monde fermé d’Hollywood qui a mené Robert Greene à rédiger, par exemple, The 48 Laws of Power. L’ego des individus, démesuré, insatiable est pour l’auteur un masque à l’origine de tensions qui peuvent intervenir entre les êtres.

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Robert Greene est fier du succès que représente le nombre de copies de son œuvre vendu aussi bien aux Etats-Unis qu’à travers le globe. Du rappeur afro-américain à l’homme d’affaire des grandes villes, tout le monde est concerné par sa réflexion qui vise l’excellence dans une société qui se fonderait uniquement sur des rapports de force. Les hommes politiques de pouvoir sont également rattrapés en permanence par cette recherche de l’excellence. Pour l’écrivain, cependant, savoir que Fidel Castro et Barack Obama ont lu son œuvre et en particulier The 48 Laws of Power n’a pas de signification politique particulière. Il est, pour lui, difficile de déchiffrer le sens de cette lecture. Elle n’est pas plus politique que celle du citoyen de la cité. C’est une lecture qui, au fond, place le rappeur au même niveau que l’homme politique et le prisonnier.

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Derrière cette pensée de l’excellence qui met en avant les rapports de force entre les individus se dissimule une véritable empathie, une humanité que le système capitaliste actuel ne permet pas de mettre au grand jour : il faut écraser l’ennemi, dans un contexte de concurrence toujours plus grandissant. Aucune raison de dénigrer cette réalité qui est à l’origine de notre système économique. Cette empathie ne doit pas faire oublier l’écart qui peut exister entre théorie et pratique. La praxis, c’est l’entrée dans le monde réel, une théorie qui marche. Cette entrée dans le monde réel, Robert Greene la déchiffre comme une fatalité historique qui vient perturber la vie quotidienne des individus tout comme l’équilibre des nations. Il est possible de s’interroger sur les limites d’un tel concept et de sa portée dans un contexte politique et économique qui privilégie la décision, l’action et le choix sur le fatalisme des rapports de force.

Prenez tout ce que vous avez appris à l'école jetez le ailleurs
(photo : EliteDaily)

« Prenez tout ce que vous avez appris à l’école jetez le ailleurs »

De surcroît, Robert Greene s’interroge, de façon positive, sur l’innéité du talent. Notre discussion nous mène à aborder le cas d’Arthur Rimbaud, jeune poète prodige, qui selon l’auteur, n’a pas duré. L’écrivain propose, contrairement au phénomène rimbaldien, une culture du talent qui s’inscrit dans la durée et se réalise par l’exercice. Il faut cultiver le talent afin de s’inscrire sur le long terme. Rimbaud n’est qu’un épiphénomène, un éclair. Cette créativité, qui naît après dix milles heures de travail classique, Robert Greene la revendique. D’un point de vue européen, ces dix milles heures peuvent sembler superficiel, un artifice. L’écrivain remet en question la pensée du génie européen : il n’y voit qu’une trivialité. Pour lui, seul le travail paie dans la durée. Au bout de dix milles heures, l’esprit humain acquière une compétence à vie qui permettra à celui qui travail beaucoup, d’obtenir une vraie légitimité sur le long terme. Il faut cultiver son talent pour le faire fructifier. Nul ne peut s’opposer à cette idée, mais l’on aimerait voir Robert Greene moins « consommateur » dans sa réflexion sur le talent, et donc plus européen. On sent chez lui un désir évident de rejoindre la pensée européenne sur la conception du génie innée et parfois éphémère. Pourtant, le travail stakhanoviste est pour lui une priorité, le bien fondé du génie. Ce qui compte, c’est la qualité des heures et non leur quantité : il faut réaliser dix milles heures de qualité.

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C’est dans ce contexte que la notion de rêve américain s’ancre dans la réflexion de Robert Greene. « Je ne peux pas y échapper » déclare t-il, tel un banquier rattrapé par la crise des subprimes. Robert Greene conçoit le rêve américain plus comme une fatalité que comme un choix, un phénomène qui forcerait l’individu à être en permanence au sein de la collectivité en lutte contre les autres. La violence, c’est l’individualisation forcée du rêve américain, une vision quelque peu a contre courant de celle que le rêve américain permet d’habitude de véhiculer de façon positive et non déchue.

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Si Robert Greene est profondément américain dans sa compréhension du monde, il n’en demeure pas moins que lorsque la question concernant sa perception de Paris approche à la fin de notre rencontre, une étincelle perce dans ses yeux. Pour l’écrivain, Paris est le cœur de la subjectivité, le rêve de sa jeunesse. Il se remémore cette séductrice brésilienne rencontrée dans un café. « A Paris, tout est dans la tête » déclare t-il. Mais alors, la lutte des egos les uns contre les autres dans un contexte de rapports de pouvoirs incommensurables se trouverait-elle dans le cœur ? Nous n’avons pas le temps d’aborder ce sujet que déjà son attachée de communication écoutant attentivement nos propos un sourire aux lèvres faisant mine de regarder son téléphone, nous presse de terminer cette fascinante conversation.

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