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James Bond sera-t-il joué par une femme ?

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Le futur de James Bond, un des héros les plus importants du monde du cinéma depuis des décennies, semble être incertain depuis quelque temps. Le directeur du dernier opus a démissionné plus de trois mois avant de tourner les premières scènes, la date du prochain épisode a été repoussée, et Daniel Craig, l’acteur qui jouait le rôle principal dans les plus récents opus, a fait des déclarations plutôt violentes à son égard, allant jusqu’à dire qu’il préférait se couper les veines plutôt que de refaire un James Bond. L’espion anglais le plus connu de la planète est donc dans une passe un peu étrange de sa carrière. Cependant, au moins une chose est sûre à son propos : sa masculinité. Dans une interview accordée au journal « The Guardian », Barbara Broccoli, la productrice exécutive de la saga des 007, a clairement fait savoir que la possibilité d’avoir un James Bond féminin dans un ou plusieurs des prochains opus était absolument hors de question. C’est d’autant plus intéressant lorsqu’on sait à quel point Barbara est impliquée dans les actions féministes à de nombreux niveaux.

hommes james bond

Concernant les rumeurs d’une femme espions 007, elle a déclaré :

« Bond est un homme. C’est un personnage masculin. Il a été écrit en tant que personnage masculin, et je pense qu’il va certainement rester un homme. Et il n’y a rien de mal à ça. Nous ne nous devons pas de changer un personnage masculin en un personnage féminin. Nous pouvons simplement créer plus de personnages féminins et faire en sorte que l’histoire s’adapte à ces derniers. »

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Barbara Broccoli a 58 ans, et est la fille d’Albert « Cubby » Broccoli. Elle est à la tête de « Eon Productions », et c’est elle qui décide tout ce qui se passe autour de la licence James Bond. C’est d’ailleurs elle qui avait annoncé sur Twitter que Danny Boyle avait du quitter le tournage du 25 ème épisode, en raison de « Différences créatives ». C’est aussi elle qui avait annoncé que Cary Fukunaga allait donc le remplacer. Et c’est même elle qui a réussi à faire changer d’avis Daniel Craig, afin qu’il revêtisse à nouveau le costume de 007. Un pouvoir pareil à propos d’une licence de si grande envergure la ferait presque passer au rang de réalisatrice la plus puissante de l’industrie cinématographique toute entière… Tout ce pouvoir à la tête de « Eon Production » la rend également farouchement protectrice de l’empire familial qu’elle gère.

C’est un signe assez fort d’observer qu’une femme si impliquée dans la condition des femmes à Hollywood et dans la société toute entière se refuse à changer James Bond en femme. Concernant l’image de la femme dans la série des James Bond, elle avoue qu’il est difficile de considérer ces films comme féministes. Elle l’explique en grande partie en raison des premiers opus, et en rappelant que les histoires avaient été écrites dans les années 50’, autant dire qu’il s’agissait d’une période ou la place de la femme dans la société était bien différente de ce qu’elle est aujourd’hui.

Elle insiste donc sur ce point, en disant que certains traits d’ADN des films de James Bond ne changeront jamais. Cependant, elle met également en avant le fait que 007 a tout de même évolué, et s’est adapté aux changements relatifs aux époques et aux évolutions de la société. Barbara explique qu’elle à fait son possible pour aller dans ce sens : « J’ai essayé de jouer mon rôle dans ce combat féministe, particulièrement dans les derniers films, ceux dont Daniel Craig était le héros, et je trouve qu’ils sont devenu bien plus contemporains en terme d’image de la femme dans la société. »

Barbara est personnellement impliquée dans le développement de la série des James Bond, et ce depuis ses 17 ans. Elle a eu un effet plus que bénéfique sur les films, sur les acteurs et actrices, et sur la qualité de vie de tous les gens impliqués dans le projet, notamment les femmes. Tout le monde dans son entourage et dans l’équipe du film s’accorde à dire que c’est en grande partie grâce à elle et à certaines des mesures qu’elle a mis en place que l’environnement de travail des films de la série Bond est devenu un environnement parfaitement sécurisé pour la gente féminine, ce qui n’est pas le cas sur de nombreux autres plateaux.

Rosamund Pike, l’actrice anglaise qui a joué dans « Die Another Day » ( Meurs Un Autre Jour) en 2002, s’est exprimé sur le sujet, en faisant l’éloge de Barbara:

« Je regarde en arrière aujourd’hui, en me basant sur mon expérience, et je me dis : Mon dieu, Barbara Broccoli était largement en avance sur tout ce mouvement #MeToo. »

james bond girl 2002

Barabra se souvient : « Il n’y a jamais eu une once de sentiment d’insécurité lorsque j’étais sur le plateau. J’étais autorisée, et même encouragée à me développer dans l’entreprise, et je me sentais vraiment entourée, notamment par mon père et mon frère Michael. Cela m’a permis de toujours dire ce que je pensais si je n’aimais pas quelque chose. Je suis bien consciente de ce que les acteurs ont à endurer. Ils doivent exposer les parties les plus vulnérables d’eux-mêmes sur un plateau. Je pense qu’il est important de créer un environnement dans lequel les gens se sentent libres de faire des expériences et d’être eux même, sans être ridiculisés ou moqués. »

Lorsque le tournage du 25 ème opus de la saga James Bond commencera en début d’année prochaine, ce sera le premier projet de Barbara qui inclue un réalisateur homme depuis des années. Ses trois derniers projets tous été réalisés par des femmes.

Son projet le plus récent s’intitule Nancy, un film co-produit par le personnage principal : Andrea Riseborough, qui va être présenté au festival de Londres la semaine prochaine.

Le film, dirigé par Christina Choe, a la particularité d’avoir été tourné avec une équipe majoritairement féminine. En effet, 80 % de l’équipe du film était composé de femmes. Mais ce n’est pas tout : 50 % de l’ensemble de l’équipe faisait partie de minorités ethniques ou de couleur.

Barbara s’est exprimé sur le sujet en disant qu’il s’agissait d’une expérience très enrichissante, tant au niveau personnel que professionnel. Le résultat lui-même fut apparemment bien meilleur que d’habitude, avec des journées de travail très productives, qui permettaient de finir plus tôt que sur des tournages classiques, en partie grâce aux capacités des employés à gérer plusieurs tâches simultanément. Les deux co-productrices semblaient s’entendre parfaitement sur ce sujet.

Andrea Riseborough a expliqué qu’elle s’était vraiment rendu compte de la différence lorsqu’elle était retournée sur un plateau classique, c’est-à-dire avec plus ou moins 90 % de l’équipe qui était masculine.

Elle a expliqué qu’elle avait eu une expérience professionnelle avec Harvey Weinstein, et qu’elle considérait ce tournage comme l’une des expériences les plus difficiles de sa vie d’actrice.

Pour rappel, Harvey Weinstein a récemment été accusé de viol et d’agression sexuelle sur de nombreuses collaboratrices dans le monde du cinéma, et même s’il nie tout en bloc, il est considéré comme une bête noire de l’industrie en ce moment pour cette raison. Cette affaire a également ouvert les yeux du monde entier sur les conditions de travail des femmes dans le monde du cinéma, et de nombreux mouvements défendant les droits des femmes et condamnant tous types de harcèlement se sont créés dans la foulée.

actrice nancy

Le projet dont Andrea parlait était une mini-série sur laquelle Harvey Weinstein ne travaille plus depuis, et dans laquelle l’actrice jouait un disciple d’une secte. Elle a témoigné en disant :

« Je jouais un personnage plus vieux que moi, donc j’ai demandé à ce qu’on me fasse avoir l’air vieille. Je voulais avoir l’air fatiguée, éreintée, au bout du rouleau. C’était comme si j’étais invisible lorsque j’étais sur le plateau. C’était vraiment choquant. Et l’équipe semblait être entièrement constituée d’hommes. J’ai demandé au premier assistant de réalisateur : Avez-vous des femmes sur le plateau ? Et il m’a répondu : Je sais que vous n’aimez pas entendre ça, mais c’est une industrie difficile.
Et nous n’avons jamais fini un jour à temps ou en adéquation avec le programme. »

L’actrice à travaillé plusieurs fois avec Harvey Weinstein, et elle semble encore choquée de l’affaire en cours, et de la descente aux enfers du réalisateur.

Elle a expliqué qu’elle avait vu de ses yeux des gens qu’elle admirait être dans des situations de harcèlement comme la sienne, mais que personne n’osait en parler. Elle décrit ses périodes de travail avec l’accusé comme étant des périodes horribles de confusion, de dénis, de refus de voir la vérité en face et d’écouter son instinct. Elle a déclaré : « Il s’agit d’une des choses les plus compliquées que j’ai eu à vivre. »

Elle fait référence aux moments de tournage, mais aussi aux faits de l’année dernière, qui ont exposé Harvey Weinstein aux yeux du monde en tant que prédateur sexuel récidiviste.

Elle continue en disant :

« Lorsque vous êtes rabaissée et négligée, vous n’en êtes pas toujours conscient. C’est déroutant quand en parallèle, vous recevez récompenses sur récompenses. Dans un sens, vous vous sentez vraiment puissante, et dans un autre, vous vous sentez comme une merde absolue. »

Elle a expliqué que d’après elle, les actions de Harvey Weinstein avaient été rendues possibles par des codes et des coutumes de l’industrie cinématographique toute entière qui posent problème.

Elle a aussi expliqué :

« En tant que femme, j’ai souvent ressenti des sortes de peurs primaires sur les tournages. Vous êtes entourés de 19 hommes, et vous ressentez ce sentiment qui dit : Je suis en infériorité numérique, je risque peut-être d’être maîtrisée. C’est un vieux sentiment, presque animal. C’est très fatiguant à la longue. Dans certains cas, vous pouvez être amené à jouer des scènes d’abus sexuels, en étant entourée d’hommes sur le plateau. Cela peut s’avérer être une expérience vraiment traumatisante. »

Barbara Broccoli ajoute son point de vue, en disant que genre de situation et de ressenti n’est pas réservé aux actrices. Elle a expliqué qu’elle aussi, elle a subit des pressions et toutes sortes de harcèlement sur des plateaux.

Barbara et ses actions pour améliorer les conditions de travail des femmes dans l’industrie du film sont venues sur le devant de la scène après les révélations à propos de Harvey Weinstein l’année dernière. Le mouvement « Time’s Up » à été créé au tout début du mois de janvier de cette année pour se battre contre le harcèlement sexuel dans la société américaine, et Barbara Broccoli y a largement contribué, aux côtés de nombreuses figures publiques plus ou moins connues.

Un des autres points qui a créé un malaise dans la société et qui a poussé des célébrités à se mobiliser contre le harcèlement, c’est la déclaration du président Donald Trump se moquant du témoignage de la professeur Christine Blasey Ford contre le nominé à la court suprême Brett Kavanaugh qui l’aurai harcelé sexuellement. Barbara et Andrea ont réagi à ces moqueries en disant qu’il était absolument inacceptable qu’un homme du rang du président des Etats-Unis puisse se permettre de remettre en cause et de se moquer d’un témoignage d’une professeur concernant une agression sexuelle.
En effet, on sait qu’il est extrêmement difficile pour les victimes de harcèlement et d’abus sexuels d’en parler et de témoigner contre leurs agresseurs. Évidemment, si l’homme considéré comme étant le plus puissant du pays, mais aussi celui qui est censé représenté la nation aux yeux du monde, se permet de se moquer ouvertement d’une des rares victimes qui a osé s’exprimer, on peut avoir peut des répercussions d’un tel acte. C’est pourquoi de nombreuses associations sont monté au créneau suite à cet incident pour montrer leur détermination et leur soutient à la professeur Christine Blasey Ford.

Pour en revenir au monde du cinéma : grâce aux efforts de Barbara et de ses équipes majoritairement féminines, nous allons avoir l’occasion de voir à l’écran des femmes du point de vue d’autres femmes, et cela pourrait apporter beaucoup au monde du cinéma et de l’Art en général. Andrea s’est aussi exprimé sur ce point en disant qu’il s’agissait de la chose la plus excitante qu’il soit arrivé au mouvement féministe depuis toujours.

Barbara explique qu’elle espère que des films comme Nancy parviendront à changer la façon dont l’industrie et les spectateurs voient les femmes. Elle semble bien décidée à faire tout son possible dans ce combat devenu international. Elle a même évoqué son désir d’un jour engager une femme au poste de réalisateur ou de scénariste sur un James Bond. Mais elle reste catégorique sur le fait que l’espion anglais devrait continuer à être joué par des hommes…

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