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Le malaise de la chirurgie en France

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Après des mois de négociations, les chirurgiens ne sont toujours pas parvenus à obtenir pleine satisfaction. Manque de moyens, salaires bloqués ou encore absence de volonté politique, les chirurgiens tirent la sonnette d’alarme. Portrait d’une profession à la dérive.

C’est encore « le plus beau métier du monde » pour beaucoup d’entre eux mais si rien ne change il n’y aura bientôt plus de chirurgiens ! Car il y a de la grogne dans l’air et ça fait des années que ça dure ! Augmentations sans précédent des primes d’assurances, stagnation des revenus, gardes non rémunérées et ce après avoir fait plus de dix ans d’études : les chirurgiens ont vu leur métier devenir de plus en plus contraignant.

Conséquence : de moins en moins d’étudiants en médecine choisissent la branche de la chirurgie. Jacques Caton, président du Syndicat national des chirurgiens orthopédiques (SNCO), dénonce l’évolution de leurs conditions de travail, aussi bien dans le privé que dans le public.

Depuis août 2015, date des accords entre les chirurgiens, le gouvernement et l’Assurance maladie, rien ne semble avoir réellement changé.

« Nous n’avons pas compris que le ministère n’applique pas ces accords concernant entre autres une revalorisation de 25 % de nos honoraires, c’est un coup de couteau dans le dos ! « .

En juillet 2016, les praticiens ont donc montré une fois de plus leur mécontentement en descendant dans la rue pour protester contre l’augmentation de leurs primes d’assurances, plus communément appelées dans le jargon médical « la responsabilité civile professionnelle des assurances« .

En dix ans, les charges ont ainsi été multiplié par dix ! Michel Manuelli, chirurgien orthopédique avoue ne pas pouvoir continuer à suivre le régime de ses multiples assurances :

 » Nous gagnons bien notre vie, très bien même mais avec un salaire avoisinant les 100 000 euros par ans, nous devrions payer 50 000 euros rien que pour être couvert en cas d’accident ou de litige. C’est complètement absurde ! « .

Une revendication partiellement satisfaite par l’Etat : après des jours de grèves les chirurgiens ont réussi à obtenir d’être aidés dans le paiement de leurs primes d’assurances. Un soulagement pour ces professionnels puisqu’ avec la judiciarisation croissante du métier tous les chirurgiens auront un an sur deux un problème médico-légal  » explique Jacques Caton.

Réunis le 17 octobre pour discuter de la crise, les chirurgiens avec les anesthésistes et obstétriciens du privé, ont également tenté de trouver un accord avec l’Assurance maladie et le ministère de la Santé pour une revalorisation de leurs rémunérations. Car depuis maintenant 20 ans, les salaires sont restés les mêmes. Jacques Caton craint pour l’avenir de la profession :

 » Nous sommes pris en tenaille par des charges qui augmentent et des revenus qui stagnent, voire diminuent ! « . La réunion s’est soldée par un  » échec total  » selon le Docteur Marie-Pascale Quirin, présidente de l’Association des anesthésistes libéraux (AAL), particulièrement en colère.

En août 2014, le gouvernement leur avait promis une revalorisation de 25 % de leur salaire… Ils n’ont obtenu que 8 % d’augmentation.

Ce n’est malheureusement pas nouveau, cela fait des années que l’hôpital public en France est en crise et les chirurgiens en pâtissent fortement. Avec des contraintes de plus en plus importantes, nombre de jeunes désertent le secteur de la chirurgie pour se réorienter vers d’autres professions médicales ou paramédicales, plus lucratives et au cursus d’études moins long. Jacques Caton constate que de moins en moins de jeunes se risquent dans la profession.

« La solution aujourd’hui est de mieux rémunérer le métier pour le rendre plus attractif ! C’est une profession en déserrance ! Demain il va manquer des chirurgiens. En 2017, il faudrait former 210 chirurgiens par an et il n’y en aura moins de 70 ! « .

Le système de santé français est décidément rempli de paradoxe. Dans les années 70, le gouvernement avait établi un Numerus Clausus ( limitation du nombre de spécialistes dans chaque activité ) très sévère tout en recrutant un nombre important de chirurgiens étrangers à diplômes extra-européens. Il faut dire que ces derniers sont encore aujourd’hui payés moitié moins que leurs collègues français, une hérésie de la part d’un pays qui va manquer très prochainement de chirurgiens et d’autres spécialistes.

Aujourd’hui le Numerus Clausus a été assoupli mais selon Jacques Caton il est déjà trop tard  » les jeunes se réorientent désormais vers d’autres secteurs « . La chirurgie française n’a pourtant rien à envier aux autres, c’est l’une des meilleures du monde. Or, si le ministère de la Santé ainsi que l’Assurance maladie ne s’attaquent pas à la crise, force est de constater que le « plus beau métier du monde  » ne sera bientôt plus qu’un lointain souvenir…

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