Le gars, il a écrit un roman qui s’appelle Soumission. C’est marrant parce que quand on y pense, on est en plein dans la période de promotion du sadomasochisme, avec la sortie de Fifty Shades of Grey au cinéma. Mais rassurez-vous, tout ça n’a rien à voir avec le déballage érotique mal écrit d’une quarantenaire en pleine crise d’adolescence. N’attendez pas de moi que je vous fasse un résumé critique de ce film ; je ne pourrai pas être un bon juge parce que je suis un mec. Il a peut-être une chance d’être bien, à condition d’y aller les yeux bandés (cherchez les différents jeux de mots de cette phrase). Comme le film dure précisément 2h05, je me suis dit que ces 5 minutes superflues devaient être passionnantes ; et je n’ai pas été déçu : un splendide survol en planeur, piloté par Christian Grey, pendant qu’Anastasia tente en vain de se donner de la contenance en faisant semblant d’être malade. Je vous le donne en mille : paysage absolument magnifique ! Le reste du film est comme une répétition laborieuse. Ce film m’a permis de me rendre compte que les aiguilles de ma montre étaient fluorescentes ! C’est déjà ça de gagné.
Soumission est donc le dernier roman polémique de Michel Houellebecq. En fait Houellebecq, c’est un peu le mal aimé de la littérature française, puisqu’il vend autant (sinon plus) de livres à l’étranger que dans son propre pays. Il en a tellement eu marre qu’il s’est même exilé en Irlande ; bon, il parait que c’est pour des soucis fiscaux mais je continue de croire en la poésie de l’homme qui refuse son environnement et qui s’enfuit en pleine nature. Genre Into the Wild mais en plus riche. Un mythe devenu cliché, mais tout de même assez stylé. Pourquoi les gens attirants sont toujours ceux qui font le plus de controverse ?
« Houellebecq reste quand même un des grands auteur français à l’heure actuelle. »
Bref. Revenons à nos moutons. Soumission c’est donc une sorte de futur imaginé, dans lequel Houellebecq se projette. Le nouveau président français est issu d’un mouvement politique appelé : La Fraternité Musulmane. Alors on pourra dire ce qu’on veut sur la pertinence d’un tel sujet aujourd’hui ; seulement, on parle de littérature ici. Contrairement à la tonne de critique qui s’efforce de se donner une contenance, j’ai fait des études littéraires et pas Science Po (oui, c’était par choix). Et Houellebecq reste quand même un des grands auteur français à l’heure actuelle. Je veux dire, un vrai auteur. Un mec qui bosse son écriture, qui réfléchit à ce qu’il fait. Qui propose des nouvelles choses. Et qui écrit de la poésie en plus de tout ça : quel autre écrivain d’aujourd’hui possède son anthologie poétique éditée ? Chantée par Jean-Louis Aubert ? Personne. Parce que ce gars-là a une vision assez sensée de tout ce qui se passe en France, et ce qui fait chier tout le monde c’est qu’il l’écrit haut et fort.
Oui c’est vrai que le mec divise pas mal, et soit on adhère, soit on est hermétique. C’est déjà un bon point, dans une époque où on passe notre temps à dire « Je m’en fous ! ». « – Tu vas arriver en retard – Je m’en tape ! », « – Elle va dire quoi ta mère ? – Je m’en tape ! », « – Pose cette manette et viens manger ! – Je m’en tape à fond ! ». Plus sérieusement, j’ai deux auteurs fétiches : Simon Liberati (ici notre article sur Simon Liberati), dont je parlerai un jour ; et Houellebecq. J’aime les choses de mon temps et Balzac m’emmerde au plus haut point, je sais, c’est pas correct ; mais comme dirait un pote à moi : Je m’en tape.
« C’est peut-être aussi le moment de se mettre à jour, et de rentrer de plein pied dans le monde d’aujourd’hui. »
Les 60 premières pages du livre sont les plus réussies que j’ai pu lire depuis 2013 (depuis Dans la solitude des champs de coton de Koltès en fait). Et vraiment, rien que pour ça, ça vaut le détour. C’est peut-être aussi le moment de se mettre à jour, et de rentrer de plein pied dans le monde d’aujourd’hui. Faire connaissance avec Houellebecq se fait par différentes petites étapes, presque comme une danse : on s’y intéresse, puis on le met de côté, on y retourne et ça nous plait, après on le hait. Mais au fond, regardez une photo de ce pauvre mec, moqué par les journalistes ignorants et dépourvus de toute sensibilité poétique, et dites-vous que son oeuvre est beaucoup plus colorée et optimiste que ce gars, avec sa clope et son pull gris effilé.
On devrait jamais critiquer un livre juste sur l’opinion qu’on se fait de son auteur, mais bel et bien en lisant son texte ; un peu comme The Voice mais version littérature quoi. « This is The Book ! ».
Si vous désirez lire le fameux livre Soumission de Houellebecq, on vous invite à cliquez ICI !